Petitcocochanel

Comme un parfum d'Orient, une juteuse idée,
Comme une source d'Antan, couleur épicée,
Entêtante ivresse, acidité pressante,
L'orange bouleverse et se fait mon amante.

Je te veux dans mes mains, prends mes yeux sur ta peau,
Même le soleil t'étreind et reflète tes os.
Jalouse Eve serait de l'orange impérieuse
Qui s'affirme et se boit par les femmes injurieuses.

Valencia vit en toi, tu sens sa vraie chaleur,
Sur tes feuilles de menthe le vent trouve son bonheur,
Roule roule ondulante vers moi pour éblouir.

Vole jusqu'à ma langue, toi, l'orange idéale,
Tes arômes rêvent du palais qui aspire
A la peinture feu, la reine des frugales.

Posé sur la table, je ne sais où tu es.
Parlez feuille morte! souffrez encre noir!
Sur le grand papier froid, l'écriture soudain naît,
Originalité, je crois qu'il faut te boire.

Mes lèvres rosées rouges sentent l'odeur nouvelle,
L'inspiration je touche, une idée me passionne,
Par le crayon je compte poser sur la marelle,
Mes yeux, ma joie, mon songe qui toujours me résonnent.

Tu enlèves ta peau, je t'habille de mots.
Phrases, mes veines brûlent sur la feuille volante,
Mon esprit s'apaise, il danse sur le do.

Plume vociférante inscrit cette musique!
Dans ce jeu l'eau noire jaillit et coule à flot,
Les lettres, notes, mots sont sur l'arbre exotique.

Vole papillon vole, va rejoindre les cieux,
Où tes tendres amis t'attendent dans leur jeu.
Leurs plumes s'agitent, doux vent emporte-les!
Les oiseaux sont magiques et tourbillonnent mais...

Quand le beau papillon, ce tableau de peinture,
Soudain ouvre ses ailes, le choix n'est plus très dur:
Ce n'est pas sur le dos, non, d'une tourterelle
Que je veux m'envoler pour la vie éternelle.

L'oiseau, la liberté, va où il veut aller,
Sorti de sa cage, voyage sans penser.
Homme prend exemple, oublie les interdits.

Chante, danse, vole, fais ce que tu désires,
Profite tout joyeux et la vie te sourit,
Quand l'oiseau vole, toi enfin tu respires.

Dévorante passion, fracassante hantise.
Je la vois, la respire mais surtout je la sens.
Pouvoir bouleversant qu'a cette gourmandise,
Je veux que son odeur me suive tout le temps.

Mais qu'à donc ce parfum qui toujours m'ensorcelle?
Toute de joie je suis quand soudain il m'entoure.
Divin alcool tu es, quelle effluve cruelle!
Tu m'obsèdes la nuit et me couvre le jour.

Un homme se cache derrière une fragance.
Moi je suis aveuglée par cet air qui m'attire,
Tel l'odeur d'une rose, la vive abeille y pense.

Ma peau est imprégnée, dans mon sang un navire,
Ce parfum m'inspire seulement sa présence.
Il est vrai c'est avec lui que je veux partir.

Tout entouré de soie, tu es dans ton écrin,
Bijoux aux mille voix, l'archet détend son crin.                                                                    
Silence fascinant, personne ne t'entend,
Tu dors tout doucement, tes cordes sourdes rêvant.

Soudain la boite s'ouvre, fermeture bruyante,
Tu dessines les courbes du diamant qui me hante.
Le bleu nuit qui te berce est un tendre couffin,
Il caresse ton bois, te réchauffe et t'étreind.

Lève-toi mon violon fait vibrer tous tes sons!
La colophane s'épuise, les fins doigts font des bonds,
Les notes sont marquises, les yeux ne sont plus rois.

Ah! Mélodieux morceau, tendre respiration!
J'écoute, sens, touche, ce divin qui m'émois.
Même tes rayures sont fascinations.

Nuage

Quel doux souffle léger vient caresser ma peau?
Est-ce toi petit vent qui me réveille tôt?
Oui, je te reconnais, ta brise matinale
Danse et me chavire tel un bateau trivial.

Immense ciel soudain je peux te parcourir,
Dans ton bleu intense, je nage et je respire.
Flotement prodigieux, survol élogieux,
Sur mille merveilles, j'ai le regard de Dieu.

O! Soleil tu me brûles, je m'éloigne de toi,
En froideur chaude tous les jours je te vois,
Pourtant ombre je suis, un voile je deviens.

Enfin nuit obscure, ce tableau est le mien.
Les étoiles brillent, je m'évade parfois
Rêvant Sao Paul, Samba et musicien.